La
reconstruction du poste de TSF(LMT 64 de 1935) de mon grand-père
par Jean-Pierre
Bourdier, F6FQX
En 1936, mes
grands-parents achètent ce poste pour suivre la guerre en Espagne
Un de mes plus
anciens souvenirs d'enfant : je suis assis sur les genoux de mon grand-père qui
écoute religieusement cette TSF annoncer le fatal accident de Marcel Cerdan ;
nous sommes en 1949, la radio vient de me contaminer.
Plus d'un
demi-siècle plus tard, je retrouve dans un grenier familial ce qui reste de ce
poste, tout au plus son coffret, son châssis, son cadran et 4 des 5 bobinages
(une FI 135 kHz a disparu), le tout en mauvais état (cf. photos 1 et 2).
Je me promets
alors de « réparer des ans l'irréparable outrage » dès que la
retraite prochaine m'en laissera le temps.
Grâce
à l'aide
d'amis OM et tout particulièrement de F1VJ (Michel Rousseau) de
Beychac & Caillau à qui je dois beaucoup, je me procure
conseils,
lampemètre, générateur (à lampes bien
sûr), schéma, lampes et supports,
transformateur, haut-parleur électrodynamique. Seuls un CV
à 3 cages et des
bobinages conformes aux originaux restent introuvables, malgré
des recherches
élargies jusqu'en Australie.
Je finis donc par
modifier (le moins possible, et au prix d'une petite perte de sensibilité) le
schéma (cf. photo 5)
pour faire avec ce
que j'ai pu trouver comme CV de valeur adéquate (à 2 cages au lieu de 3 cages)
et comme transfo FI (110 kHz). Beaucoup de tâtonnements, quelques bêtises
impardonnables (dont une qui coûte la vie à une lampe pour cause de filament
sous HT...), une secousse très désagréable (le 360 Volts fait apprécier les
montages à transistors...), et, l'année de ses 75 ans, le poste redonne enfin
de la voix (cf. photos 3 et 4).
J'ai alors
l'impression de sentir l'odeur des madeleines de Marcel Proust... tant ce son
qui remonte de ma mémoire est particulier avec, dans le fond, cette petite
musique du 50 Hz porteuse de nostalgie, audible juste ce qu'il faut derrière la
« grande musique ».
Je tourne le
bouton, espérant secrètement entendre Geneviève Tabouis, Zappy Max ou la
famille Duraton, mais la magie ne va pas quand même pas jusque là. Et mon poste
retrouve une place sur l'étagère (cf. photo 6).