ELECTROMAGNETISME ET NOMBRES COMPLEXES, SECONDE PARTIE

(cette seconde partie est consacrée aux vecteurs et aux champs vectoriels)

 

Dans la première partie, nous avons vu dans quelles conditions on pouvait associer à des grandeurs scalaires réelles, telles que tensions et intensités, des grandeurs complexes, permettant de simplifier les calculs en éliminant formellement « la variable temps », et donc en ramenant des « calculs en courant alternatif » à des « calculs en courant continu ».

 

Dans cette seconde partie, nous allons examiner comment transposer les mêmes méthodes aux grandeurs vectorielles. D’un point de vue théorique, la transposition est simple puisqu’un vecteur n’est en fait qu’un ensemble de grandeurs scalaires (ses composantes). Nous ne reviendront donc pas sur la théorie, préférant traiter des principaux exemples rencontrés.

 

Premier exemple : la polarisation d’un champ vectoriel sinusoïdal.

 

Soit, par exemple, une partie de l’espace habituel à 3 dimensions (x, y, z) dans le quel règne un champ électrique sinusoïdal réel dont les trois composantes s’écrivent :

formules dans lesquelles toutes les grandeurs sont réelles,

 étant en outre positifs.

A ce vecteur réel , on associe un vecteur complexe  de composantes :

formules dans lesquelles les 3 grandeurs  sont complexes.

On peut aussi dire que le vecteur complexe est décomposable en deux vecteurs réels suivant :

 étant le vecteur réel de composantes  et

 étant le vecteur réel de composantes  

On passera bien sûr de à  par la relation :

 ce qui conduit à :

Cette relation est très importante car elle signifie que le vecteur tourne, à la pulsation w, dans le plan défini par les deux vecteurs où son extrémité décrit une ellipse[1]. On dit qu’un tel champ est polarisé elliptiquement.

 

Second exemple : le champ rayonné à grande distance par une antenne.

 

Le champ rayonné par un doublet électrique de moment J est donné, dans un repère de coordonnées polaires par les 3 vecteurs complexes , , , les trois vecteurs , ,  étant les vecteurs unitaires.

Si nous ne nous intéressons qu’au champ à grande distance, seuls subsistent les termes en (1/r), et donc les seuls vecteurs complexes :

Cette écriture très synthétique permet de calculer les champs réels instantanés par la méthode que nous avons vue précédemment (multiplication par , puis prise de la seule partie réelle), ce qui donne les vecteurs réels suivants :

On peut définir un produit scalaire et un produit vectoriel des vecteurs complexes. Par exemple :

- le produit scalaire qui est égal au carré du module du vecteur réel

- le produit vectoriel  qui correspond au vecteur de Poynting ; dans ce cas, la partie réelle du produit vectoriel sera interprétable comme représentative de la puissance active et la partie imaginaire comme représentative de l’ampleur des échanges réactifs.

 

Troisième exemple : la résolution des équations de Maxwell.

 

L’utilisation des vecteurs complexes simplifie beaucoup la résolution des équations de Maxwell, car elle permet de s’affranchir formellement de » la variable temps ». Prenons un l’exemple d’un milieu diélectrique parfait (cas du vide). Dans ce qui suit, nous passerons successivement des vecteurs réels aux vecteurs complexes associés pour revenir enfin aux vecteurs réels, sans toutefois modifier les indices afin de rendre le texte plus lisible.

 

Dans des milieux homogènes, isotropes et non aimantés, les équations de Maxwell s’écrivent avec les vecteurs réels :

 

Transposons aux vecteurs complexes en nous souvenant que la dérivation par rapport au temps est une opération linéaire qui revient à une multiplication par le facteur , et plaçons nous dans le cas du vide (sans charges ni courants de conduction). En effectuant les calculs, les équations de Maxwell prennent alors la forme remarquable suivante :

formules dans lesquelles  est le laplacien, (par définition,le laplacien du vecteur , en coordonnées rectangulaires, a pour composantes ).

 

Si, maintenant, on revient aux vecteurs réels, on obtient :

Et on reconnaît là les équations classiques d’ondes se propageant à la vitesse

(c étant la vitesse de la lumière).



[1] Pour qu’un tel plan soit défini, il faut que ces deux vecteurs ne soient pas colinéaires ; s’ils l’étaient, l’ellipse serait alors « aplatie » et la polarisation serait linéaire. On voit que pour qu’il en soit ainsi, il faut et il suffit que , c’est-à-dire que les 3 composantes du champ soient en phase.