La langue morse est née le 14 avril 1912 à 23h40

 

par Jean-Pierre Bourdier, F6FQX

 

Par 41˚46’ Nord et 50˚14’ Ouest, le Titanic vient de heurter un iceberg ; 2205 personnes sont à bord ; 1500 d’entre elles vont mourir dans les trois heures qui vont suivre. Certaines en ont conscience, par exemple les membres de l’équipage qui savent qu’il y a moins de 800 places à bord des canots de sauvetage, que les femmes et les enfants auront la priorité, et que les conditions de navigation sont telles à cette époque et dans cette zone que les secours sont incertains et lents.

 

La tragédie a été analysée et commentée en détails. Elle a en outre fait l’objet de dizaines de livres et de plusieurs films, dont le dernier en 1997, a été un succès extraordinaire, tant l’émotion du public était restée grande trois quarts de siècle plus tard.

 

Certes, la radio existait à bord de beaucoup de navires, mais elle n’était pas encore, et pas seulement d’un point de vue technologique, ce qu’elle deviendra plus tard. En particulier, le télégraphe n’avait pas pour fonction prioritaire la sécurité. Il servait surtout au monde que l’on appellerait aujourd’hui le monde des affaires, pour que les passagers concernés puissent continuer à gérer leurs affaires ou à passer des ordres de bourse loin de leur bureau (les choses ont-elles vraiment évolué ? N’en est-il pas ainsi encore aujourd’hui avec les liaisons internet à bord des avions ?). 

 

Certes, il y avait eu beaucoup de conférences et de conventions internationales pour organiser cet outil prodigieux qu’était le télégraphe (1865 Paris, 1868 Vienne, 1872 Rome, 1875 Saint-Petersbourg, 1885 Berlin, 1906 encore Berlin, 1908 Lisbonne), mais que chacun (pays ou compagnie) utilisait à sa guise, sans souci d’être compris par les autres, avec même parfois le souci contraire. En avril 1912, les choses étaient très loin d’être standardisées, et c’est à ce titre qu’on ne peut pas encore à cette époque parler d’une langue morse stricto sensu.

 

Trois faits sont frappants en ce qui concerne la tragédie du Titanic :

 

Le premier fait est qu’alors que la conférence de Berlin (celle de 1906) avait codifié le signal de détresse (celui qu’on désigne habituellement par SOS), en lui donnant un format tel qu’il soit plus aisément reconnaissable, le signal que lance le Titanic à 0h15 n’est pas un SOS mais un CQD[1]... c’est-à-dire un signal de détresse utilisé antérieurement par certaines compagnies, et perimé depuis 6 ans... Pourquoi l’un des plus grands paquebots du monde, d’un pays signataire de la convention de Berlin, n’applique-t-il pas les règles internationales ? Vraisemblablement parce que les responsables de tous niveaux n’ont pas pris conscience des enjeux qu’un simple élément du langage comme le format du SOS représentent.

 

Le second fait est que le premier appel radio du Titanic n’intervient que 35 minutes après le choc avec l’iceberg. Or, de tous temps, les personnes qui ont eu à gérer des situations de catastrophe savent que tout se joue dans les premières minutes, qu’il s’agisse d’un naufrage, d’un incendie ou d’un accident. Pourquoi, à bord du Titanic, ne mobilise-t-on pas les secours plus tot par le seul moyen efficace disponible : le télégraphe ? Vraisemblablement parce que là aussi, ce qu’on appelle aujourd’hui « procédure » dans le jargon des gestionnaires de situations de crises, n’a pas été pensé en prenant en compte la relation exceptionnelle parce qu’universelle et instantanée qu’assure la radiotélégraphie, dans  « sa composante hard » (le matériel) comme dans « sa composante soft » (le langage).

 

Le troisième fait est sans doute le plus terrible. C’est que les 2205 personnes à bord du Titanic auraient peut-être pu être sauvées, si l’utilisation de l’outil télégraphique avait été telle qu’elle le sera plus tard. En effet, le navire qui, répondant aux appels du Titanic, viendra et sauvera les 705 rescapés à bord des chaloupes, est le Carpathia. Or, il se trouve à 58 miles quand, à 0h25, il entend le CQD du Titanic ; il lui faudra presque 4 heures pour arriver sur place, et le temps de survie d’un humain dans l’eau glacée n’excède pas quelques minutes dans le meilleur des cas. Ce qui est terrible, c’est qu’en même temps, un autre navire, le Californian, était, lui, tout près du Titanic, à 10 miles exactement, c’est-à-dire en vue. Il aurait pu être en moins d’une heure sur place et donc, sauver beaucoup de vies. Le Californian était si près du Titanic qu’il verra les fusées lancées par ce dernier, fusées qu’il interprètera comme celles d’une fête à bord... (même ce type de signal était alors si peu organisé qu’on pouvait faire la confusion). Le Californian était équipé de radio, ce qui avait d’ailleurs peut-être sauvé la vie aux personnes à son bord, car il avait été prévenu, comme le Titanic, à 11h00 par le navire Amerika puis à 21h40 par le Mesnaba, de la présence des icebergs à cet endroit. Face à cette menace, le Californian avait décidé d’attendre le jour pour continuer, décision que le Titanic, lui, n’avait pas prise. Mais pourquoi le Californian n’a-t-il pas répondu aux appels radio de détresse du Titanic ? Aussi incroyable que cela puisse paraître a posteriori, le Titanic, estimant que la radio du Californian le gênait dans ses échanges avec Terre Neuve[2], avait intimé l’ordre au Californian de cesser ses émissions ... Et l’unique opérateur du Californian, avait éteint sa station et était parti dormir... ; une telle situation était technologiquement compréhensible : les émetteurs à étincelle occupaient presque tout le spectre, et les récepteurs à galène n’étaient ni sélectifs ni sensibles : ceci avait pour effet que deux stations puissantes à 10 miles de distance ne pouvaient opérer sans se gêner l’une l’autre[3]. Une telle situation (de la part du Titanic, se priver du « parachute de secours » ; de la part du Californian, « accepter de priver son collègue de parachute » ; et tout ça en sachant que la probabilité d’avoir a s’en servir était loin d’être nulle, du fait des icebergs) n’est, technologie mise a part, compréhensible que si l’on admet que, là encore, la radiotélégraphie (son « hard » et son « soft ») n’était pas perçue comme faisant partie d’une d’une « ligne vitale » (en langage actuel des gestionnaires de situation de crise).

 

La fin de la nuit tragique du naufrage du Titanic est connue. Plusieurs stations entendent l’appel, répondent, s’échangent les informations : Provence, Mount Temple, Ypiranga, Cape Race, Carpathia, Prinz Friedrich Wilhelm, Frankfurt, Baltic, Caronia, Olympic, Virginian, Asian, Birma, Celtic, Parisian[4]. A 1h45 le Titanic annonce que « la salle des machines est inondée jusqu’au niveau des chaudières ». A 2h17 un dernier CQ est suivi d’un message illisible, puis c’est brutalement le silence. L’officier radio aurait dit à l’opérateur « Come ! Let’s clear out ! »[5]. Ils montent sur le pont pour aider au largage des canots de sauvetage. Le Titanic se dresse, fait un angle de 50° avec la mer et plonge vers l’abîme. Toutes celles et ceux qui ne sont pas dans des canots vont mourir presque immédiatement, noyés ou de froid. Deux heures plus tard, a 4h15, le Carpathia arrive sur les lieux. Il lui faut plus de 4 heures pour récupérer les 705 personnes à bord des canots. De 8h40 a 9h le Carpathia lance differents appels informant qu’il a récupéré environ 800 personnes, qu’il les emmène vers Halifax ou New York, qu’il a fait le tour du champ d’icebergs sans trouver d’autres survivants, qu’il n’a plus besoin d’assistance.

 

L’émotion suscitée dans le monde par cette tragédie fut immense et provoqua, par une sorte de réflexe collectif, des réactions de la collectivité internationale (la conférence internationale de Londres de juillet 1912 sur la sécurité de la vie humaine en mer), des réactions des entreprises (de navigation comme de fabrication de matériels) qui développèrent des technologies plus efficaces, mais également des réactions individuelles ; beaucoup de personnes se lancèrent alors dans ce champ d’activités nouvelles, en particulier dans l’utilisation des matériels radio (opérateurs radio professionnels et aussi radio-amateurs).

 

La langue morse, dans sa forme la plus évoluée, se propagea peu à peu, prenant la forme qui sera la sienne pendant plusieurs décennies. Elle allait devenir, comme toute autre langue, le vecteur d’une culture commune, celle de tous ces opérateurs, avec pour référence fondamentale la sécurité des vies humaines. L’apparition des aéronefs, dirigeables[6] puis avions, allait renforcer encore le rôle de la langue morse et sa valeur en tant qu’élément essentiel à la sécurité des personnes .

 

Un vocabulaire international commun se substitua peu a peu aux anciens jargons plus ou moins partagés qui remontaient au temps du télégraphe à fil, et dont il nous reste quelques survivances sympatiques encore aujourd’hui (par exemple le mot « 73 » qui, avec les trop rarement employés 88 et 55, est une survivance du « 92 code » que la « Western Union Company » avait mis en place en 1859, et qui consistait à donner à chaque nombre de 1 à 92 une signification propre)[7]. Il était bien loin le « morse originel » de 1844 de Samuel Morse, qui codait avec des points et des traits de différentes longueurs à la fois mots entiers, lettres et chiffres. Mais là aussi, combien de graphistes se souviennent aujourd’hui que, quand ils annoncent leur fin de transmission par un « ti ti ti ta ti ta », qu’il écrivent VA ou SK, ils utilisent en fait un avatar du « ti ti ti ta ti taaaaaaa » (avec un trait très long en final) qui correspondait au chiffre « 30 » du « morse originel », et qui signifiait « no more ! »[8]. Les traits de longueur inégale étant difficiles à faire correctement et surtout à reconnaître, les opérateurs[9] l’ont transformé en trait standard.

De même, après que le code initial de Samuel Morse ait été abandonné[10], plusieurs systèmes de codage se sont fait concurrence, à commencer par le « morse d’Europe » et le « morse d’Amerique », ce dernier étant finalement abandonné au bénéfice du premier, plus simple et plus universel (cf. bibli 3, 6 et 9), à suivre par les acronymes à trois lettres connus sous le nom de « code X », « code Z[11] », « code Q », ce dernier finissant par éliminer les autres définitivement après la seconde guerre mondiale. Le code Q lui-même, s’amplifiant avec le temps sans toutefois couvrir tout le champ de QAA a QZZ, ayant ses « dialectes régionaux », ses avatars historiques, voire ses curiosités insolites[12], a fini au fil du temps par s’épurer, certains diront par s’étioler. Ainsi, chez les radioamateurs (à ma connaissance, avec les balises aériennes ou autres, seuls utilisateurs actuels du code Q en télégraphie) ne reste-t-il plus qu’une dizaine de mots du code Q en service. Et encore, si on écoute un QSO au hasard, mis a part QTH (localisation de la station), QRN (parasites atmosphériques),  QRM (brouillages autres qu’atmosphériques), QSB (fading) et quelquefois QSL[13], on n’entend plus d’autres mots. C’est dommage car certains étaient bien pratiques : par exemple QAZ (orage) qui permet  d’expliquer pourquoi on risque d’arrêter brutalement ses émissions , et QSZ qui permet et de faire répéter chaque mot et donc de poursuivre dans des conditions difficiles. Le code Q a également laissé des traces en phonie[14], chez les radio-amateurs et les cibistes, mais aussi en navigation aérienne ou on entend parler encore assez fréquemment de QFU, QFE, QNH, QDR et QDM[15].

 

Il est toujours difficile d’expliquer a des profanes en quoi le morse est une langue[16]. Que de fois m’a-t-on rétorqué, après que j’aie eu dit que je correspondais avec des radioamateurs du monde entier presque exclusivement en morse : « ah bon, en morse, mais en quelle langue ? »... J’aime beaucoup cette question car elle me donne chaque fois le pretexte d’expliquer en quoi le morse permet à deux correspondants n’ayant aucune autre langue en commun de dialoguer (par exemple un Francais ne parlant que francais et un Allemand ne parlant qu’allemand). Je complète alors mon explication en rappelant qu’il ne faut pas confondre écriture et langue et en exhibant le « passeport en arabe » pour travailler dans certains pays ; il s’agit bien d’un document dans lequel une écriture (l’arabe) exprime une autre langue (le français), tout comme le titre du grand quotidien algérien « el moudjahid » est un mot de la langue arabe écrit en « écriture française » ; je dis aussi qu’à partir d’une certaine habitude de son correspondant, on n’écrit plus les signes qu’on entend (pas plus qu’on n’écrit ce que vous dit un interlocuteur dans une conversation orale). J’ajoute enfin qu’au-delà de tout ça, on comprend un correspondant en morse que l’on connaît bien même dans un bruit si intense que d’autres, ne le connaissant pas l’y devinent à peine, et que des ses premiers signaux on sent s’il est en forme ou non[17]. Certes, la langue morse est beaucoup moins parlée qu’elle ne l’a été, ne serait-ce que parce qu’il n’existe plus de « professionnels du morse », et que seuls les amateurs tiennent aujourd’hui « le flambeau »[18]. Et quand on parle d’une langue qui est moins parlée qu’elle ne l’a été, on est tenté de se demander si elle ne va pas mourir, comme beaucoup d’autres langues de l’humanité qui ont disparu faute de locuteurs.

 

Le morse va-t-il devenir une langue morte ? je l’ignore car « qui peut dire de quoi l’avenir sera fait » mais, a mon avis, et sans évoquer le rôle important des associations qui sont à la pointe de la promotion de la langue morse (EUCW, UFT, FISTS, etc.[19]) il suffit d’écouter où que ce soit dans le monde les bandes 20, 30 ou 40 mètres pour ne pas nourrir trop de craintes dans l’immédiat. Je dirais même, pour avoir fait de la radio depuis tous les continents (sauf l’Antartique) , que l’on se marche plus sur les pieds en « bandes graphie » qu’en « bandes phonie ». C’est d’ailleurs dommage pour l’activité phonie car, la nature ayant horreur du vide, il sera de plus en plus difficile aux amateurs de disposer d’un espace rare et sous-utilisé. Peut-être l’avenir du radio-amateurisme sera-t-il davantage a la télégraphie et aux autres modes digitaux qu’à la phonie, cette dernière ayant tous comptes faits moins d’attrait pour les jeunes du fait qu’ils naîtront de plus en plus avec un téléphone portable ou un V.O.I.P.[20] dans leur berceau ?

 

Les plaisanciers savent que l’époque où la Royale fonctionnait à la voile appartient désormais au passé. Cela ne les empêche pas de se sentir, lorsqu’ils barrent leurs voiliers, les dépositaires d’une longue tradition d’effort et de valeurs humaines. Qui sait si, de la même facon, la langue morse ne sera pas le lien principal des radio-amateurs du futur parce qu’ils auront le sentiment, à travers elle, d’être désormais les derniers dépositaires d’une grande aventure humaine qui débuta douloureusement le 12 avril 1914 dans l’Atlantique Nord ?

 

Remerciements :

Je remercie mon ami Kurt (DL2DZL), que ses « 95 spires au P.A. » n’empêchent pas de rester un des OM actifs en morse d’esprit le plus jeune que je connaisse, et qui m’a offert son “Signalbuch für Kurzwellenverkehr“ (1934, Fuchs und Fasching Verlag, Wien) ainsi que plusieurs documents issus de publications allemandes.

                Je remercie aussi Hans Zimmermann  (F5VKP, HB9AQS, DJ0RW), Coordinateur International pour les Communications d’Urgence de l’Union Internationale des Radioamateurs (I.A.R.U.) pour m’avoir aimablement procuré plusieurs documents relatifs aux conférences internationales de Paris (1865), Vienne (1868), Berlin (1885), Rome (1872), Berlin (1906), Londres (1912), Washington (1920-1922).

Bibliographie :

Mes principales sources sont les suivantes :

1 – “Signalbuch für Kurzwellenverkehr“, 1934, Fuchs und Fasching Verlag, Wien (cadeau de DL2DZL). Ce petit guide de l’OM, aujourd’hui introuvable, est présenté et partiellement traduit sur http://f6fqx.chez.tiscali.fr/

2 - Origin of ham speak, fact, legends and myths, AC6V

http://ac6v.com/73.htm#mayday

3 - USA early radio history by Thomas H. White http://earlyradiohistory.us/sec002.htm

4 - Berlin international telegraph convention, 1906 http://earlyradiohistory.us/1906conv.htm

5 - Histoire de l’UIT http://www.itu.int/aboutitu/overview/history-fr.html

6 - Radiocommunications laws of the USA and 1912 London international convention

http://earlyradiohistory.us/1914reg.htm

7 - Emergency Telecommunications, list of legal documents, July 1999

http://www.reliefweb.int/telecoms/policy/legaldocs.html

9 - Wireless Course, Electro-Importing Company, 1912

http://earlyradiohistory.us/1912code.htm

10 - Art & Skill of Radio-Telegraphy http://www.zerobeat.net/tasrt/c19a.htm

11 - TITANIC Tragedy Spawns Wireless Advancements 11 - http://www.marconiusa.org/history/titanic.htm

12- Titanic Radio Messages

http://www.geocities.com/TimesSquare/Cauldron/5807/Titanic/message.html

13 – Australia, Canada, New Zealand, UK and USA CCEB instructions operating signals

http://www.jcs.mil/j6/cceb/acps/Acp131e.pdf



[1] Quelle est l’origine du mot morse CQ (appel à toutes les stations) ? Une signification avancée, flatteuse pour les francophones mais non avérée à ma connaissance, serait que cela correspondrait aux deux premières syllabes du mot français « sécurité », et le D de CQD aurait signifié « détresse » ; on peut faire un parallèle avec l’appel de détresse aéronautique « may-day » qui viendrait de « m’aider ».

[2] des échanges « business », rappelons le.

[3] La revue QST de septembre 2005 a publié un article de John/K2TQN intitulé « The first ham in Philadelphia »[3] qui explique que l’OM en question, Tom/W3AX, à bord du navire « Captain A.F. Lucas » dans le port de Bayonne (New Jersey) en 1909 devait faire répéter plus d’une demi-douzaine de fois les instructions de New York (situé à moins de 10km, et équipé d’émetteurs de plusieurs kW…), du seul fait de la présence d’autres navires dans le même port de Bayonne.

[4] Bien d’autres stations revendiqueront d’avoir entendu le Titanic, sans toutefois pouvoir en apporter la preuve, mais cela procurait de la notoriété vis a vis des médias que de pouvoir dire « j’y étais » ; certains journaux, comme le New York Evening Star, ne vérifiant pas leur source, ont pu ainsi titrer le lendemain à la une « "ALL SAVED FROM TITANIC AFTER COLLISION WITH ICEBERG" ( en français : Tous les passagers du Titanic sains et saufs, après sa collision avec un iceberg ). Mais la diffusion de contre-verités lors de catastrophes appartient-elle au passé ?

[5] en francais « Venez ! Sortons d’ici ! »

[6] Un ami OM, le regretté Jean/F6DUQ, m’a expliqué un jour qu’opérateur radio à bord d’un dirigeable militaire en 1934, il avait à gérer deux moyens de communications : le premier marchant avec des batteries (la radio), l’autre avec des céréales (deux pigeons voyageurs dans un panier)... L’Etat-major estimait en effet que « la radio c’était bien, mais qu’il était préférable de disposer d’un moyen de secours fiable »... Un autre OM, Paul/F2AM, aujourd’hui disparu, m’a expliqué qu’opérateur radio dans l’armée dans les années 20, il était équipé d’une bicyclette, moyen de communication irremplaçable selon son Général, qui faisait enterrer les antennes afin qu’on ne les repère pas. Comme quoi, les radiocommunications n’ont pas été bien perçues d’emblée par  tous…

[7] Cette codification à chiffres fut ultérieurement étendue bien au-delà de 92 ; c’est ainsi que « 134 ? » a signifié « qui est au manip ? »

[8] en français “plus rien à transmettre ! »

[9] en fait ce sont les Allemands qui, les premiers, ont simplifié le code en n’utilisant plus que des traits de longueur identique ; ils furent suivis par les autres Européens, puis par les Américains.

[10] Cf. l’article de DL7DO (Ralf M. Herzer) en pages 226 à 230 de la revue allemande CQDL d’avril 1991, intitulé « Samuel F. B. Morse zum 200. Geburtstag » (en français « A l’occasion du deux-centième anniversaire de Samuel F. B. Morse ») ; Ralf y présente notamment en détails les 7 principaux « alphabets Morse historiques » : Morse US de 1837, Vail US de 1844, Intern./Cont. De 1851, Navy US jusqu’en 1912, Bain GB jusqu’en 1914, Phillips US jusqu’en 1918, Morse contemporain.

[11] Cf . la rubrique de DJ5QK (Otto A. Wiesner) en pages 141 et 142 de la revue allemande QRV de mars 1978, intitulée « Die CW-Ecke » (en français « le coin de la CW ») ; Otto y explique en quoi le code Z est préférable au code Q en ce qui concerne les reports ; cela semble vouloir dire que le code Z existait encore il y a trente ans…

[12] Kenneth, G0PSW (cf. bibli 2), écrit que QGG a signifié « envoyez le poney par le prochain train » ; cela devait se passer vraisemblablement à l’époque du Poney-Express.

[13] “Etymologiquement”, QSL signifiait “accusé de réception” ; les radio-amateurs avaient donné à ce mot un sens sympathique, puisque, par exemple, « qsl via buro » signifiait «pour confirmer notre contact, je vous envoie ma carte par le canal de nos associations » ; et chaque OM se constituait peu a peu une collection de cartes personnalisées, qu’il était fier de montrer à ses amis et à sa famille comme autant de témoignages de la grande chaîne d’amitié entre les tous les radio-amateurs du monde entier ; or, en quelques décennies, cette tradition s’est presque perdue ; de même, certains amateurs ne donnent plus leur nom et leur QTH : insistant auprès de l’un d’eux pour qu’il me les indique, j’ai obtenu la réponse surprenante « ils sont sur qrz.com » ; c’est vraiment dommage...

[14] avec des significations strictement nationales, ce qui les rend incompréhensibles par des étrangers ; par exemple, mon ami Lothar/DL1DXL m’a dit un jour « pourquoi les amateurs français utilisent-ils QRO souvent en fin de QSO en phonie ? QRO signifie - augmentez la puissance - et je ne comprends pas ce que cela vient faire en fin de message ». Après que je lui aie expliqué qu’en « jargon phonie d’OM français », en fait « 73 QRO » était un superlatif de « 73 », il m’a répondu en me donnant quelques expressions « du même tonneau » utilisées en « jargon phonie d’OM allemand » et incompréhensibles par un OM français... Autant de « stones to Babel » aurait dit Arthur Koestler.

[15] Pour désigner respectivement la piste en service, la pression atmosphérique brute, la pression réduite au niveau de la mer, le relèvement d’un avion par rapport a un point fixe, le relèvement d’un point fixe par rapport à un avion

[16] cf. mon article “le morse est-il vraiment une langue? »

[17] je pense particulièrement à mon regretté ami Kurt/DJ2GB que j’ai retrouvé en morse chaque dimanche pendant plus de 20 ans sur la bande des 40 mètres, et aussi à Alex/GM3MAS, Kurt/DL2DZL, Jake/WA2MDF ; sans le morse, nous ne nous serions pas rencontrés et, n’ayant pas de culture commune, nous n’aurions pas tissé les liens qui nous lient aujourd’hui.

[18] « ... et parce que le morse n’est plus nécessaire dans beaucoup de pays pour l’accès aux bandes decamétriques » ajouteront certains ; je ne partage pas cet avis et pense que la télégraphie obligatoire était un anachronisme qui privait le radio-amateurisme decamétrique (celui qui communique facilement  à travers le monde entier) de forces vives plus portées vers les autres modes digitaux et vers les hyperfréquences ; je trafique beaucoup et presque exclusivement en CW, mais j’aime à penser que mes jeunes correspondants seront venus a la CW plus par amour que par contrainte (contrairement a ce qui fut mon cas).

[19] Cf . l’excellent article de F6AXX/ Norbert en pages 79 et 71 de Radio-REF de septembre 2005.

[20] “Voice Operated Internet Protocole” : protocole permettant de transmettre la voix par Internet ; l’interconnexion entre radio et internet permet aujourd’hui à deux amateurs, par exemple l’un au Japon, l’autre aux USA, de correspondre simplement avec leur « talky-walky VHF » ; ce procédé, très répandu aux USA et au Japon, moins en Europe, fait actuellement débat sur le thème « est-ce encore de la radio ? ». Personnellement je pense que oui, même si on est tres loin des technologies de nos jeunes années, mais la radio n’est pas qu’une question de « hard »... Dit autrement, l’ivresse ne vaut-elle pas plus que le flacon ?