Le morse est-il vraiment une langue ?

 

par Jean-Pierre BOURDIER, F6FQX

 

Utiliser le morse pour communiquer au vingt-et-unième siècle surprend beaucoup de personnes, à commencer par des radioamateurs eux-mêmes. Après tout, la naissance du morse est contemporaine de l’époque évoquée par les « films western », et il y a bien longtemps que l’on ne ne déplace plus à cheval ou en diligence. Bien sûr, rien n’interdit à quelques nostalgiques, de seller leur monture pour aller jouer au poker avec des amis au bistro du village le samedi soir. On peut cependant parier sans risque que ces originaux seront de moins en moins nombreux.

 

Or, le morse reste, dans les pays développés, un moyen apprécié de beaucoup de radioamateurs, alors qu’ils disposent d’appareils sophistiqués capables de produire et traiter des signaux autrement plus complexes, en particulier en téléphonie. Certains amateurs sont d’ailleurs tellement atteints par le virus du morse qu’ils n’utilisent plus que très rarement un autre mode. Pourquoi ?

 

Les arguments pour et contre le morse alimentent les discussions entre radioamateurs depuis des décennies, et tout a été dit. Il n’est donc pas question d’y revenir. Pourtant, sauf erreur de ma part, il y a un aspect de la question qui n’a jamais été analysé en détails, et qui pourrait expliquer ce fort attachement de certains, c’est l’aspect linguistique. Le morse peut-il se prévaloir du qualificatif de langue ? Examinons d’abord les arguments qui s’y opposent.

 

A -  Quels sont les arguments qui plaident contre le morse en tant que langue :

 

Au sens courant, celui du dictionnaire Larousse par exemple, une langue est « un système de signes verbaux propres à une communauté d’individus qui l’utilisent pour s’exprimer et communiquer entre eux ». Le mot critique dans cette définition, s’agissant du morse, est « verbaux » ; le Larousse dit qu’il signifie « qui est fait de vive voix ». Si on prend stricto sensu cette definition, le morse n’est pas une langue puisqu’il ne se pratique pas de vive voix. Mais cet argument est bien faible, et il en existe d’autres, plus forts.

 

Le premier argument fort est celui que j’entends presque chaque fois que je dis à un profane que je trafique en morse avec des correspondants du monde entier : « vous trafiquez en morse, ah bon, mais en quelle langue ? ». J’aime cette question qui me permet d’expliquer ce qu’est le morse[1]. Il n’empêche que l’argument est de taille car comment appeler langue ce qui est de facto à l’origine un code mettant un symbole au regard de chaque mot et de chaque signe de la langue anglaise écrite. Vu ainsi, le morse est une façon d’écrire une autre langue écrite, un sorte de police de caractères, un peu comme la sténotypie.

 

Le second argument est que le morse ne peut pas, comme le fait une langue maternelle, exprimer des concepts abstraits. On ne voit pas bien comment associer mentalement par exemple le concept de douleur a « une emprunte acoustique[2] » morse, sauf si cette emprunte reconstitue lettre à lettre le mot « douleur » (si on est Français), « pain » (si on est Anglais), « Schmerz » si on est Allemand, etc. Dès que l’on veut manipuler des concepts abstraits en morse, il est nécessaire de repasser par une « vraie langue vivante ». Et, d’ailleurs, plus le concept abstrait sera chargé d’affectivité, plus le choix de cette « langue verbale » sera restreint : l’expression de condoléances est très difficile dans une langue autre que la parentale.

 

Le troisième argument renvoie a Ivan Petrovitch Pavlov et à ses expériences bien connues sur les réflexes conditionnés des animaux. L’apprentissage du morse le plus généralement pratiqué consiste précisément à développer des réflexes conditionnés chez les élèves : chaque signal sonore entendu doit provoquer, par acte non réfléchi, un mouvement de la main qui écrit alors une lettre ou un signe sur le papier. Cet apprentissage fragmentaire n’a rien à voir avec l’apprentissage par un enfant de sa langue parentale : ce dernier se fait globalement, en même temps que la culture et l’intelligence que permet précisément la langue. Il pénètre par là dans le jeu des regles sociales, des interdits et des prescrits.  C’est si vrai que les enfants bilingues (parents de langues différentes), a fortiori trilingues (scolarisés en outre dans un pays de langue non parentale) mettent beaucoup plus longtemps que les monolingues à parler : il leur faut non seulement acquérir plusieurs vocabulaires (celui de la mère, celui du père, celui de l’école), mais encore développer des processus mentaux de tri et de sélection des « couples concept-emprunte acoustique » adaptés à chaque situation d’écoute ou de parole. L’apprentissage du morse ne nécessite pas tout cela, il relève davantage de l’apprentissage des panneaux du code de la route : quand je vois une limitation de vitesse, je n’ai pas a réfléchir, je lève le pied par  réflexe[3]. Et je ne me suis jamais demandé si l’ensemble des panneaux routiers constituait une langue...

 

Le quatrième argument est le plus profond. Le morse est un catalogue de signes permettant certes de communiquer mais, contrairement à une langue parentale, il ne permet aucune créativité. Il n’existe de « littérature morse », et le premier sonnet exclusivement écrit en morse reste à inventer mais, même sans aller jusque là, on sait que dès qu’un enfant commence à pouvoir tenir une conversation avec ses parents, il crée des quantités (parfois vertigineuses) de questionnements sur son environnement, qui sont autant de démarches culturelles qui l’aident à se construire socialement, grâce à sa langue. Bien qu’ayant enseigné le morse à des dizaines de radio-amateurs, je n’ai aucun souvenir de l’un d’entre eux me questionnant de cette façon (en morse)...

 

B – Avant de voir les arguments favorables, interrogeons nous sur le concept de langue :

 

Le dictionnaire, nécessairement imprécis, ne permet pas de répondre. C’est pourquoi il est beaucoup plus intéressant de faire appel aux outils adaptés au problème et qui sont ceux de la linguistique. Après tout, les radioamateurs doivent utiliser les techniques les plus performantes à leur disposition. Or, en matière de linguistique, il est une autorité incontestable : celle de Ferdinand de Saussure, linguiste suisse de génie[4]. Il est considéré comme le fondateur de la linguistique structurale moderne, et son cours de linguistique générale[5] reste la référence absolue de tous les spécialistes en langues.

 

Saussure créa la linguistique en réaction contre les « grammaires normatives », comme celle de Port Royal, qui présentaient une langue comme un ensemble de règles du « bien dire ». Pour lui, il s’agissait de dégager une science d’observation[6] : celle des règles de la langue, telle qu’elle est parlée. Il a été le premier à distinguer clairement langage, langue et parole. Nous ne nous interesserons dans ce qui suit qu’à la langue. Pour bien comprendre ce que Saussure entend par langue, reprenons son image de deux personnes en conversation. Supposons que Sam parle à Ben (cf. schéma 1) :

 

 

a - Dans le cerveau de Sam se trouvent des concepts associés a des empruntes acoustiques (phénomène psychique)

b -  Le cerveau de Sam transmet à la bouche[7] de Sam une impulsion corrélative à l’emprunte acoustique (phénomène physiologique)

c – les ondes sonores se transmettent de la bouche de Sam à l’oreille de Ben (phénomène physique)

d – l’oreille[8] de Ben transmet une impulsion au cerveau de Ben (phénomène physiologique)

e –l’impulsion provoque une emprunte acoustique dans le cerveau de Ben, emprunte qui est associée au concept (phénomène psychique)

f, g, h – si Ben parle à son tour, les phases précédentes se produisent en sens inverse.

 

On voit que l’échange se fait à l’aide de trois types de mécanismes : physique, physiologique, psychique. On voit aussi que l’emprunte acoustique ne se confond pas avec le son puisqu’elle est psychique au même titre que le concept qui lui est associé.

 

Passons maintenant de la relation entre deux individus à la relation sociale entre plusieurs individus. Dire qu’ils « parlent la même langue » veut dire qu’ils associent tous les mêmes empruntes acoustiques à un concept donné. Tous les individus d’une même communauté linguistique ont donc en commun un certain nombre de « couples concept –empruntes acoustiques »[9] acquis en échangeant avec les autres par la parole et l’écoute. C’est ce phénomène social plus qu’individuel qu’on appelle langue.

 

Saussure rappelle ainsi les caractères de la langue (extrait des pages 31 et 32 du cours de linguistique generale) :

1 – Elle est un objet bien defini dans l’ensemble hétéroclite du langage. On peut la localiser dans la portion déterminée du circuit où une image auditive vient s’associer à un concept. Elle est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu, qui à lui seul ne peut ni la créer ni la modifier ; elle n’existe qu’en vertu d’une sorte de contrat passé entre les membres de la communauté. D’autre part, l’individu a besoin d’un apprentissage pour en connaitre le jeu ; l’enfant ne l’assimile que peu à peu. Elle est si bien une chose distincte qu’un homme privé de l’usage de la parole conserve la langue, pourvu qu’il comprenne les signes vocaux qu’il entend.

2 – la langue, distincte de la parole, est un objet qu’on peut étudier séparément. Nous ne parlons plus les langues mortes, mais nous pouvons fort bien nous assimiler leur organisme linguistique. Non seulement la science de la langue peut se passer des autres éléments du langage, mais elle n’est possible que si ces autres elements n’y sont pas mêlés.

3 – tandis que le langage est hétérogène, la langue ainsi délimitée est de nature homogène : c’est un système de signes où il n’y a d’essentiel que l’union du sens et de l’image acoustique, et où les deux parties du signe sont également psychiques.

4 – la langue n’est pas moins que la parole un objet de nature concrète, et c’est un grand avantage pour l’étude. Les signes linguistiques, pour être essentiellement psychiques, ne sont pas des abstractions ; les associations ratifiées par le consentement collectif, et dont l’ensemble constitue la langue, sont des réalites qui ont leur siège dans le cerveau. En outre les signes de la langue sont pour ainsi dire tangibles ; l’écriture peut les fixer dans des images conventionnelles, tandis qu’il serait impossible de photographier dans tous leurs détails les actes de la parole ; la phonation d’un mot, si petit soit-il, représente une infinité de mouvements musculaires extrêmement difficiles à connaître et à figurer. Dans la langue, au contraire, il n’y a plus que l’image acoustique, et celle-ci peut se traduire en une image visuelle constante. Car si l’on fait abstraction de cette multitude de mouvements nécessaires pour la réaliser dans la parole, chaque image acoustique n’est, comme nous le verrons, que la somme limitée d’un nombre limité d’éléments ou de phonèmes, susceptibles à leur tour, d’être évoqués par un nombre correspondant de signes dans l’écriture. C’est cette possibilité de fixer les choses relatives à la langue qui fait qu’un dictionnaire et une grammaire peuvent en être une représentation fidele, la langue étant le dépôt des images acoutiques, et l’écriture la forme tangible de ces images.

 

C -  Quels sont les arguments qui plaident pour le morse en tant que langue :

 

Passons le morse au crible des caractères d’une langue tels que les a définis Saussure.

Le premier caractère (1- Elle est un objet.... les signes vocaux qu’il entend.), si on essaie de le transposer au morse, permet une analyse très claire ; cela donne :  La langue morse est un objet bien defini dans l’ensemble hétéroclite du langage morse. On peut la localiser dans la portion déterminée du circuit où une image auditive vient s’associer à un concept. La langue morse est la partie sociale du langage morse, extérieure à l’individu, qui à lui seul ne peut ni la créer ni la modifier ; elle n’existe qu’en vertu d’une sorte de contrat passé entre les membres de la communauté. D’autre part, l’individu a besoin d’un apprentissage pour en connaitre le jeu, on ne l’assimile que peu a peu. La langue morse est si bien une chose distincte qu’un homme privé de la faculté de produire des signaux morse conserve la langue morse, pourvu qu’il comprenne les signes ... qu’il entend. Dit autrement, le langage morse comprend des choses très différentes que sont les signaux sonores, l’écriture, et l’association « concept-signal » qui a lieu dans le cerveau. C’est l’ensemble de ces « associations cérébrales » qui constitue la langue morse. C’est bien un fait social, l’individu l’assimilant progressivement par apprentissage. Une fois cette langue acquise, l’individu la conservera (i.e. l’audition des signaux provoquera l’association des concepts dans son cerveau) même s’il ne peut plus lui-même en produire.

 

Le second caractère (2 – la langue, distincte de la parole, est un objet ... si ces autres éléments n’y sont pas mêlés)est, lui aussi, aisément transposable au morse ; cela donne : la langue morse, distincte du signal sonore morse, est un objet qu’on peut étudier séparement. Nous ne pratiquons plus les « morses anciens » (celui de Samuel Morse en 1847, celui de l’American Morse de la fin du XIXème siecle), mais nous pouvons fort bien assimiler leur organisme linguistique. Le texte de Saussure ayant cent ans, certains des vocables employés ne le seraient plus aujourd’hui (objet pour sujet, organisme pour structure, science pour connaissance), mais cela n’enlève rien à l’idée : une langue (au sens saussurien) peut ne plus être pratiquée, sans pour autant disparaître en tant que sujet d’étude ; ainsi, le sanskrit, même disparu depuis des siècles en tant qu’idiome vivant, reste un sujet d’étude tout a fait actuel. De même, les écrits qu’on trouve sur internet à propos des formes anciennes du morse, montrent qu’on peut les connaître sans pour autant les pratiquer.

 

Le troisième caractère (3 – tandis que le langage est hétérogène...sont également psychiques) est plus abstrait mais donne vraiment l’impression d’avoir été écrit spécialement pour le morse. Cela pourrait se transposer en : le langage morse qui comprend aussi les signaux et toutes les combinaisons possibles de ces signaux (c’est-à-dire la parole morse), mais aussi leurs écritures diverses (en lettres latines ou non, en traits-points-espaces, etc.), est complexe (mot qu’on emploierait aujourd’hui à la place d’hétérogene) et donc difficile à appréhender globalement. En revanche, l’essentiel de la langue morse ce n’en sont ni les sons ni les écritures, mais les couples « concept-image acoustique ». La fin de la phrase, en francais actuel (un peu vulgaire...) se dirait : « Et tout ça, c’est dans le cerveau que ça se passe ». Quoi de plus vrai ! Il s’en passe des images dans le cerveau quand un ami vous envoie « ta ta ti ti ti   ti ti ti ta ta », et ces images n’ont rien a voir avec un chiffre tel que 7 et un autre tel que 3.

 

Le quatrième caractère (4 – la langue n’est pas moins que la parole... tangible de ces images) mérite qu’on s’y attarde un peu car il n’est vraiment comprehensible que si on est allé plus avant dans le cours de linguistique générale de Saussure (lui-même ressent cette difficulté puisqu’il précise « comme nous le verrons »). Essayons de résumer ce qui y est exprimé en l’appliquant au morse : les « couples sens-image acoustique» dont notre cerveau est le siège quand nous pratiquons le morse, et qui constituent par définition la langue morse, existent vraiment (traduction en francais moderne de « ne sont pas des abstractions ») : il en est ainsi parce que l’ensemble de ceux qui pratiquent le morse acceptent collectivement qu’ils soient identiques d’un opérateur à l’autre. Il faut une multitude de processus complexes pour produire « la phonation » du signal morse (pensons simplement à tout ce qui se passe entre le cerveau de celui qui envoie et le cerveau de celui qui reçoit, à la fois dans leurs corps respectif, mais aussi dans leurs appareils et entre leurs antennes...). Dans la langue morse au contraire, il n’y a plus que l’image acoustique, et celle-ci peut se traduire en une image visuelle constante. Car si l’on fait abstraction de cette multitude de processus nécessaires pour la réaliser dans le signal émis, chaque image acoustique n’est...que la somme limitée d’un nombre limité d’éléments ou de phonèmes, susceptibles à leur tour, d’être évoqués par un nombre correspondant de signes dans l’écriture. Dans la fin du paragraphe, Saussure évoque dictionnaire et grammaire, concepts plus difficilement transposables au morse, encore que les différents codes (« code 92 » de la « Western Union Company », code X, code Z, code Q)[10] aient par bien des côtés des aspects de dictionnaires et de grammaires.

 

Comment conclure ? Peut-on parler de langue morse ?

                              

Pour moi, la réponse dépend uniquement du sens qu’on choisit de donner au mot langue. Si on s’en tient au sens courant, celui du dictionnaire, c’est non (parce que le morse ne se parle pas de vive voix). Si on accepte le sens des spécialistes de l’étude des langues, la réponse est oui (parce que le morse repond aux quatre caractères fondamentaux de ce que Saussure appelle langue).

 

La plupart des humains naissent, sont éduqués et vivent au milieu d’autres qui ne parlent qu’une seule langue. Elle est pour eux LA langue, toute autre langue n’étant alors qu’un ensemble de bruit sans signification. Si ces personnes apprennent et pratiquent le morse, il y a fort à parier qu’elles le percevront comme un codage lettre a lettre de LA (leur) langue, et non comme une autre langue[11].

 

Ceux que les hasards de la vie auront amenés à pratiquer couramment deux ou plusieurs langues savent que leurs rapports à ces langues ne sont pas les mêmes, suivant qu’il s’agit de la langue de la société dans laquelle ils vivent à un moment donné ou d’une autre (on touche là du doigt le caractère fondamentalement social d’une langue). Ils savent aussi que le niveau de connaissance d’une langue peut être très variable, et qu’il y a des effets de seuils en dessous desquels une langue reste le codage mot a mot d’une autre, mieux connue. Ces personnes percevront mieux l’ambivalence du morse : soit ils s’en serviront comme du codage lettre à lettre d’une autre langue, soit comme d’une langue à part entiere. Dans ce dernier cas, les couples « emprunte sonore – concept » se faisant automatiquement dans le cerveau, ils n’écriront plus les mots reçus[12], pas plus qu’ils ne les écriraient dans une conversation orale. Ils sentiront en outre, s’ils le connaissent bien, l’humeur de leur correspondant (et, a fortiori, ils l’identifieront clairement).

 

D’un point de vue très personnel, je trouve le morse extraordinaire car je lui dois des amis[13] que je n’aurais jamais rencontrés sans lui, amis que malgré la distance, je peux retrouver quand nous le souhaitons (enfin, presque[14]...). Rien que pour ça, je pense que le morse mérite d’être considéré comme une langue.

 

Bibliographie :

cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure, Bibliothèque scientifique Payot, 106, bd St-Germain, Paris VI



[1] Cf. mon article « la langue morse est née le 14 avril 1912 a 23h40 »

[2] ce terme « d’emprunte acoustique » ou « d’image acoustique » ou « d’image auditive » revient plusieurs fois dans l’article ; il désigne non pas le son lui-même (qui est un phénomène physique indépendant d’une présence humaine) mais la sensation qu’un cerveau humain a quand un son fait vibrer ses organes auditifs qui, eux-mêmes, envoient un signal correspondant au cerveau (c’est donc un phénomène psychique propre à chaque individu). A cette sensation, le cerveau attachera un concept dépendant de la culture de l’individu : si un Français entend « cock-a-doodle-doo », il est probable que l’emprunte acoustique correspondante n’évoquera aucun concept dans son cerveau ; de même, si un Anglais entend « cocorico » ; si, par contre, c’est l’Anglais qui entend « cock-a-doodle-doo » et le Français « cocorico », l’un comme l’autre percevront le même concept, celui d’un coq qui chante.

[3] pour être plus exact, c’est ce que je devrais systématiquement faire…

[4] il est l’héritier d’une lignée de scientifiques des « sciences exactes et naturelles » (son ancêtre Horace de Saussure est l’inventeur de plusieurs instruments de physique, dont l’hygromètre à cheveu) ; Ferdinand se fera remarquer très jeune, après des études de physique-chimie, en allant a l’université de Leipzig soutenir une thèse sur « l’emploi du génitif absolu en sanskrit »...

[5] Bibliothèque scientifique Payot, 106, bd Saint-Germain, Paris VI

[6] Ferdinand de Saussure est contemporain de Claude Bernard, à qui l’on doit les principes fondamentaux de la recherche scientifique.

[7] C’est par facilité d’expression que nous disons « bouche » car en réalité Saussure parle « d’organes de la phonation », la bouche n’étant que l’un de ces organes.

[8] C’est par facilité d’expression que nous disons « oreille » car en réalité il s’agit « des organes de l’audition», l’oreille n’étant que l’un de ces organes.

[9] Il s’agit d’un phénomène social car, par exemple, le même concept d’animal ruminant élevé pour sa viande sera associé au son « bœuf » sur la rive gauche du Rhin et au son « Ochs » sur la rive droite.

[10] Cf. mon autre article « la langue morse est née le 14 avril 1912 a 23h40 »

[11] J’ai lu récemment un article d’un OM américain qui disait que la télégraphie (il ne disait pas « le morse » ; nuance révélatrice) était utile car elle permettait à des radioamateurs connaissant mal l’anglais de faire de la radio quand même....

[12] l’assimilation du morse à la télégraphie est donc stricto sensu un abus de langage (sic)…

[13] je pense particulièrement à mon regretté ami Kurt/DJ2GB que j’ai retrouvé en morse chaque dimanche pendant plus de 20 ans sur la bande des 40 mètres, et aussi à Alex/GM3MAS, Kurt/DL2DZL, Jake/WA2MDF ; sans le morse, nous ne nous serions pas rencontrés et, n’ayant pas de culture commune, nous n’aurions pas tissé les liens qui nous lient aujourd’hui.

[14] sans propagation, c’est parfois très difficile…