Rubrique publiée dans Radio-REF d'octobre 2003

Bouteilles à la mer reçues

Les bouteilles à la mer sont des informations complémentaires qu’envoient aimablement nos lecteurs en complément de nos réponses. Elles sont publiées in extenso sur le site internet d’allô docteur http://f6fqx.chez.tiscali.fr/ rubrique « bouteilles à la mer » ;
Nous avons introduit ce mois-ci les bouteilles à la mer suivantes :
1 – B032 : messages de F5GZJ (notre Président), F3PZ, F5AIB, F6FNA, F5LBD, F5MID à propos des licences F5 (cf. question n° 278 juillet 2003)
2 – B033 : messages de F4SNF, de F1MGP, et de F10495 à propos du transistor SD 1441(question n°279 de juillet 2003)

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Questions et réponses

Question n°291
L’alarme antivol de mon voisin, dès son installation, s’est déclenchée quand j’émettais sur la bande 28 MHz, et sur celle-ci exclusivement. Mon voisin exige que je cesse mes émissions et dit qu’il me tiendra pour responsable s’il est cambriolé. Que faire ?
Réponse
Votre problème est certes technique, mais c’est surtout un problème relationnel de voisinage. Il vous faut faire vos meilleurs efforts pour vous réconcilier avec votre voisin et résoudre son problème, qui est aussi le vôtre.
Nous vous conseillons de la patience et de la méthode, au besoin en vous faisant aider par un ami radioamateur expérimenté et sage (il en existe dans tous les radio-clubs). Il vous conseillera et servira de médiateur. Vous pouvez vous inspirer de la méthode développée dans l’article « Hannah aimait la télévision, mais elle avait un voisin radioamateur… » publié dans Radio-REF de mars 1999.
Commencez par bien vérifier (ou mieux, par faire vérifier, car on s’auto diagnostique difficilement), de façon clinique, votre installation qui peut très bien être défaillante ;  et apportez y tous les remèdes nécessaires (filtres aux bons endroits en particulier).
Quand vous serez absolument certain que votre installation est aux normes, essayez avec l’aide de votre ami OM de convaincre votre voisin de soumettre sa propre installation au même type d’examen que celui que la vôtre a subi. Il est possible que des filtres aux bons endroits chez lui aussi résolvent définitivement la question.
Au cas où, malheureusement, cette situation déboucherait sur du contentieux, tous les efforts que vous aurez faits seraient autant de bons points pour vous.
Bonne chance.

Question n°292
J’ai vu une publicité pour des antennes extérieures de voiture fixées à la lunette arrière sans perçage. Comment cela peut-il fonctionner ?
Réponse
De telles antennes fonctionnent par effet capacitif , la vitre, à l’endroit de la liaison entre partie interne et partie externe de l’antenne jouant le rôle de diélectrique d’un condensateur placé en série.

Question n°293
Je trafique avec un dipôle dont un bras est relié à l’âme et l’autre à la gaine du coaxial. Je pense que c’est dangereux de toucher le bras relié à l’âme mais que cela ne l’est pas de toucher celui relié à la gaine, car cette dernière est à la masse de l’émetteur. On m’a dit que j’avais tort. Qu’en est-il ?
Réponse
Vous avez effectivement tort de croire qu’il peut y avoir du danger pour l’un des bras et pas de danger pour l’autre, car les deux bras sont portés aux mêmes tensions HF et transportent les mêmes intensités HF.

Question n°294
J'ai construit un émetteur qrp qui me donne satisfaction sauf sur un point: mes correspondants, souvent, me disent que je réponds à côté de leur fréquence d'appel. Pourquoi en est-il ainsi et que faire pour y remédier?
Réponse
Nous supposons que vous avez construit un ensemble avec récepteur à conversion directe et utilisez directement la fréquence du VFO de réception comme pilote à l'émission. Dans ce cas, afin de donner au signal une tonalité qui vous convient, vous calez le VFO à 700 Hz environ de la fréquence du correspondant. Et lorsque vous passez en émission vous avez donc ce décalage par rapport à sa fréquence d'émission. La solution consiste à ajouter sur le VFO une diode varicap que vous commanderez à partir d'une référence stable à une tension ajustée pour obtenir le décalage désiré. Cette varicap sera mise en action seulement en réception ou en émission (en fait lorsque vous aurez besoin du décalage qu'elle procure). Une correction fixe est sans conséquence tant que la bande couverte est étroite, comme une bande amateur.

Question n°295
On entend sur 7 MHz des signaux qui piaulent et glissent en fréquence. Pourquoi ?
Réponse
En fait, plus on monte en fréquence, plus on a de chance d’entendre de tels signaux. Ils étaient, pendant longtemps, une signature caractéristique des stations de l'Union Soviétique. Le piaulement est dû à une alimentation insuffisamment stabilisée. Lorsque l’opérateur enclenche son émission, l'appel de courant fait baisser la tension d'alimentation. L'oscillateur, dont la fréquence dépend en partie de cette tension, voit sa fréquence légèrement modifiée à chaque déclenchement. Le phénomène est progressif car la tension ne baisse pas instantanément. D'où le piaulement. Le glissement en fréquence a une autre origine : l’échauffement de l’oscillateur et une compensation en température insuffisante. Les deux phénomènes ne sont pas liés mais il est fréquent de les trouver associés car tous deux découlent d'une construction « au plus juste » typique d’amateurs n'ayant que peu de moyens (amateurs qui n'en ont que plus de mérite). Enfin il nous est arrivé de contacter des stations « piaulantes » opérées par des OM désireux de faire revivre de vieux émetteurs. Le 7 MHz est souvent choisi pour ces essais.

Question n°296
Les QSL que je reçois indiquent toujours la même heure TU que celle de mon log, mais pas toujours la même date (je constate des écarts d’un jour parfois). N’existe-t-il pas une date universelle comme il existe une heure universelle, l’heure TU ? Quelle date porter dans mon log et sur la QSL pour un QSO entre ma station à Paris où ma montre indique le 1er septembre 2003 à minuit et demie, et un OM de Seattle dont la montre indique 31 août à 3h30 de l’après-midi ?
Réponse
TU signifie « temps universel  », et ce n’est donc pas seulement une heure TU mais aussi une année TU, un mois TU, un jour TU (une date complète, en quelque sorte). La confusion provient vraisemblablement du fait qu’en anglais « universal time » peut être aussi bien traduit par « temps universel » que par « heure universelle », le mot « time » étant ambigu. Quand vous dites « je suis à Paris le 1er septembre 2003 et il est minuit et demie », vous savez qu’en temps universel il est 2 heures de moins, c’est-à-dire que vous traduisez par « en temps universel, je suis le 31 août 2003 à 23h30 ». C’est cette date complète que vous devez porter sur votre QSL.
Scientifiquement, on date en Temps Atomique en secondes depuis le 1er janvier 1950. A chacun de faire sa conversion en fonction de son fuseau horaire pour avoir la date et l'heure locales (et inversement).

Questionn°297
Jérémy, F0DVJ, de Noeux-les-Mines (62), par lettre « Je trafique en mobile et voudrais savoir si la loi concernant l’utilisation des téléphones portables au volant s’applique aussi à la manœuvre d’un microphone, sachant qu’on peut le lâcher sans risque ou interrompre son QSO sans perdre de vue la route. Je vous avais par ailleurs posé une question sur les modes digitaux, et un OM du Sud-Ouest m’avait gentiment téléphoné à ce sujet. J’ai malheureusement égaré son indicatif et ne puis donc lui écrire. Pouvez-vous envoyer une bouteille à la mer, afin qu’il se reconnaisse et vous envoie son indicatif ou me contacte ? »
Réponse
Nous lançons tout de suite la bouteille à la mer demandée (il est rassurant de constater que ce moyen de télécommunications rend encore des services à l’époque des modes digitaux…).
En ce qui concerne l’usage du téléphone en voiture, à notre connaissance, les restrictions introduites récemment dans les règlements (et non dans la loi, sauf erreur de notre part) s’inscrivent dans un cadre très large puisque bien d’autres activités sont dorénavant interdites au volant (telles que le fait de manger ou de boire par exemple). C’est moins la capacité de voir la route qui est concernée que la réduction de l’attention et de la capacité de réflexes rapides. A notre avis, parler dans un micro en conduisant, qu’il s’agisse de celui d’un émetteur radio ou de celui d’un téléphone portable (qui est aussi un émetteur radio d’ailleurs), relève de la même réglementation. Nous voyons mal la police vous faisant arrêter votre véhicule parce qu’elle vous a vu parlant dans un micro au volant, et vous laissant partir sans verbaliser parce que vous êtes radioamateur.

Question n°298
Nous sommes un bureau d'études avec une spécialité (la Radio-Fréquence), abonnés à votre revue, mais pas radio-amateurs. Nous voulons pouvoir transmettre des informations dans l'eau (en mer) sur des distances au minimum de 2 m (distance recherchée : 8m). Existe-t-il des fréquences radio-électriques favorables à la propagation des ondes en milieu aquatique ?
Réponse
Dans l'ouvrage "Propagation des ondes électromagnétiques dans l’environnement terrestre" de Lucien Boithias, publié chez Dunod (collection technique et scientifique des télécommunications), on trouve l'abaque de la figure n°1 qui montre que :
- la profondeur de pénétration  dans l'eau est une fonction monotone décroissante de la fréquence de l'onde,
- à fréquence donnée, entre eau de mer et eau salée, existe un facteur de l'ordre de 100 (pénétration 100 fois plus profonde dans l'eau douce),
- dans l'eau douce, une onde de fréquence 25 MHz a une profondeur de pénétration de 8 m environ,
- dans l'eau salée, une onde de fréquence 10 kHz a une profondeur de pénétration de 2,5 m environ.

Question n°299
Bernard, F6EYK, de Voiron (38), nous explique par lettre et plans comment il a réussi à installer un système d’antennes filaires fonctionnant bien en particulier sur 40 et 80 mètres, sur son terrain qui ne mesure pourtant que 7,4m x 3,75m.Il constate néanmoins que l’accord de ses antennes est très variable en fonction de la météorologie et nous interroge pour savoir si la haie de troènes qui entoure son terrain ne doit pas, en cas de pluie abondante, être considérée comme un « volume métallique plein », ce qui expliquerait ce qu’il constate.
Réponse
D’abord, toutes nos félicitations pour votre installation qui mériterait un article dans Radio-REF. Elle atteste qu’on peut, avec de la patience et de la réflexion, installer une station performante, même sans beaucoup de place.
En ce qui concerne précisément votre question, nous ne pensons pas qu’on puisse assimiler des haies végétales trempées de pluie à des masses métalliques. En revanche, vos antennes sont très près d’elles, comme du sol, de vos murs et des autres obstacles avoisinants ; tous ces éléments sont donc beignés dans un champ très intense provenant de vos antennes, et modifient profondément le diagramme de rayonnement qui serait celui de vos antennes si elles étaient en espace libre ; ces modifications proviennent de :
- re-rayonnement de parties conductrices (fils électriques, canalisations, armatures du béton, rails et caténaires, sol, etc.) car vos antennes y provoquent des courants qui rayonnent à leur tour,
- des réflexions, réfractions, diffractions, diffusions sur et dans les milieux diélectriques (sols, végétation, murs, etc.) qui sont autant de « prismes déformants » pour les ondes.
Les deux paramètres qui définissent le comportement de certaines parties conductrices (conductivité) et de certains milieux diélectriques (permittivité) sont très affectés par la présence d’eau (par exemple, un sol sec et un sol humide ne se comportent pas de la même façon (cf. abaque tirée du livre de Louis Boithias publiée dans cette rubrique).
Vous devez donc considérer que, dans votre installation, ce que vous regardez comme vos antennes n’est qu’une partie du dispositif rayonnant qui comprend tout l’environnement (un peu comme l’élément alimenté d’une Yagi n’est qu’une partie du dispositif rayonnant, les autres éléments de la Yagi étant en fait excités par lui et participant au rayonnement global). Nous avons déjà examiné une situation comparable dans la question n°151 de décembre 2001, où un OM faisait rayonner toute une toiture métallique en l’excitant par ce qu’il considérait comme son antenne, et qui n’en était en fait qu’une partie.
De telles situations, plus fréquentes qu’on ne le croît dans les installations amateurs ont l’inconvénient d’être pratiquement non modélisables (parfois aussi sources de pertes et d’interférences…), mais aussi l’avantage d’offrir une champ d’expérimentation immense (et qu’est-ce qu’un OM sinon un expérimentateur impénitent, n’est-ce pas ?).

  Question n°300
Je dispose de 2 CV et d’une self variable avec lesquels je souhaiterais faire une boîte de couplage. J’hésite entre circuit en T et circuit en PI (cf. figure n°2). On m’a dit que le T offrait une plage d’adaptation plus grande que le PI. Est-ce vrai ? Comment calculer cette plage, par exemple en supposant que l’impédance de chaque composant varie de 25 à 100 Ohms, et qu’il faille s’adapter sur 50 Ohms ?
  Réponse
Non, le T n’offre pas une plage plus grande que le PI, cela dépend des valeurs des composants (par exemple, avec vos valeurs, la plage d’adaptation du PI est, en surface, 10 fois celle du T (cf. figure n°3).
Déterminer la plage d’adaptation nécessite de savoir faire des opérations sur les nombres imaginaires, et de connaître les transformations dans le plan complexe. Globalement, on peut dire que :
- à chaque trio (D, E, F) de valeurs des composants correspond une valeur d’impédance adaptée qui est égale à l’impédance conjuguée de celle que voit l’antenne (50 Ohms à travers la boîte de couplage).
- quand 2 des 3 composants sont fixes et le 3ème variable, le point M affixe dans le plan complexe de cette impédance adaptée se déplace sur des cercles tangents à l’axe des ordonnées (et, dans certains cas particuliers, sur des droites parallèles à cet axe).
- on peut ramener le PI à un circuit en T, plus simple à calculer, par inversion de pôle O.


Auteurs : Les réponses de ce mois ont été préparées par Jean F5GZJ, Jean-Pierre F6BPS, Daniel F6CNW, Robert F5NB et Jean-Pierre F6FQX.

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Au revoir amis lecteurs
Comme annoncé, allô docteur cesse ses émissions. Merci de nous avoir fait confiance par vos questions, vos réponses aux bouteilles à la mer, vos encouragements, venus d’Afrique, d’Amérique du Nord et du Sud, de Russie et de beaucoup d’autres pays d’Europe. Merci aussi à toute l’équipe du REF-Union et de la revue pour son appui sans faille.
Vous pourrez retrouver l'intégrale des 300 questions et de la trentaine de bouteilles à la mer sur le site http://f6fqx.chez.tiscali.fr/, accessibles par date et par thème.
73 + VA de F6KRK, le radio-club de Saint-Quentin-en-Yvelines.