Questions pubiées dans la rubrique allô docteur publiée
de septembre 2003
Question n° 286
J’ai vu sur le schéma de l’alimentation d’un four à micro-ondes
un montage inhabituel (cf. figure 1) : le condensateur est en série
dans le secondaire du transformateur et la diode se trouve entre l'autre extrémité
du secondaire et le point resté libre du condensateur. La haute tension
est prise entre les deux bornes de la diode. Comment cela marche-t-il
?"
Réponse :
Il s'agit là d'un montage doubleur simplifié qui ne fournit
pas une tension continue mais une tension sinusoïdale toujours positive.
Le condensateur se charge par l'intermédiaire de la diode pendant une
alternance. Lors de l'alternance suivante la tension stockée dans le
condensateur vient simplement s'ajouter à celle de la tension secondaire.
Aux bornes de la diode apparaît alors une tension sinusoïdale de
même amplitude que la tension secondaire du transformateur mais décalée
d'une valeur égale à sa tension crête. Cette tension
est donc toujours positive avec une amplitude crête-crête identique
à celle du secondaire, mais la tension crête-crête devient
la tension maximale obtenue alors que dans un montage redresseur classique
c' est une tension continue égale à la tension crête que
nous obtenons. Nous négligeons dans ce raisonnement les effets de
charge et les pertes qui ne le modifient pas. Bien sûr ce montage, qui
ne délivre en fait que du courant positif pulsé, ne convient
qu'à des applications peu exigeantes comme le chauffage.
Question n° 287
Un de nos collègues de Valence, F-10738 REF-Union 46469, nous explique
par lettre qu’il a construit une antenne de type carreau, ou « Quad
» pour la bande des 2 mètres, dont il a ajusté la longueur
au grid-dip. Il a remplacé le quart d’onde transformateur d’impédance
prévu à l’origine (du coaxial de 75 Ohms)par 2 fils souples
sous vinyle torsadés ensemble. A la pince, il en a ajusté la
longueur pour parvenir à un R.O.S. de 1 (le grid-dip montre qu’on a
encore un quart d’onde environ). Ainsi, il a obtenu une bande passante plus
large et une solidité meilleure (l’âme du coaxial était
en effet cassante). Notre collègue s’interroge pour savoir si ce dispositif
équivaut bien à celui prévu à l’origine.
Réponse
Votre expérience est intéressante car elle montre qu’avec
des matériaux courants (du fil souple) et un peu de patience on peut
faire « mieux que l’ordinaire ».
Une antenne « carreau » est en effet résonante quand
son périmètre est légèrement supérieur
à une longueur d’onde et son impédance d’entrée est
alors de l’ordre de la centaine d’Ohms (cf. figure 2).
Une ligne quart d’onde d’impédance caractéristique 75 Ohms
transforme alors cette impédance de 100 Ohms en 50 Ohms environ, ce
qui permet une adaptation parfaite aux lignes coaxiales les plus couramment
utilisées chez les OM.
Lorsque vous avez remplacé le coaxial par une ligne torsadée,
vous avez fait la même opération et, pour peu que cette ligne
de votre fabrication ait également une impédance caractéristique
de l’ordre de 75 Ohms (ce qui semble être le cas), vous obtenez le même
résultat.
Ce qui différencie vraisemblablement les deux types de transformateur
quart d’onde, c’est la qualité du diélectrique : celui du coaxial,
« prévu pour », est vraisemblablement à plus faibles
pertes que celui des fils torsadés, « pas prévu pour ».
Mais autant nous vous déconseillerions d’utiliser votre ligne torsadée
sur une grande longueur (pour relier l’antenne à un émetteur
ou à un récepteur par exemple), autant pour un quart d’onde
la différence de pertes est négligeable (le R.O.S. n’étant
que de 1,3 dans ce quart d’onde). Nous supposons, bien sûr par ailleurs
que les puissances HF transportées restent aux niveaux habituels,
ce qui évite que ne se posent des questions de claquage du diélectrique.
Question n° 288 :
Lionel, F5APZ, d’Aurillac, nous écrit : « Ayant récupéré
quelques TRX 40 MHz, j’ai lu dernièrement qu’il était très
facile, avec un oscillateur local délivrant du 36 MHz de multiplier
cette fréquence par 4 pour obtenir du 144 MHz. Pouvez-vous me fournir
un schéma de multiplicateur avec quelques explications ? »
Réponse
La façon la plus efficace est de construire deux étages doubleurs
successifs. De l’ARRL Hanbook nous avons extrait le schéma d’un tel
étage qui fait passer du 72MHz au 144MHz (cf. figure 3). Il vous suffira
de le faire précéder du même étage passant, lui
du 36 MHz au 72 MHz (les composants sont bien sûr à adapter en
conséquence, pour présenter la même impédance).
Jean, F8QT, qui a réalisé de tels multiplicateurs, nous fournit
les conseils suivants :
- le transistor doit avoir une fréquence de transition très
supérieure à la fréquence de travail
- ajuster le niveau d’attaque sur la base de façon à maximiser
le niveau de sortie sur l’harmonique considéré
- le Q du circuit accordé du collecteur doit être aussi élevé
que possible pour bien filtrer.
Bonne réalisation et bons essais.
Question n°289
Kris, F8AHQ, par mail : "J’habite au 5éme et dernier étage
d’une résidence située en ville à LILLE. J’ai obtenu
une autorisation pour installer une antenne HF. J’hésite entre deux
possibilités : (1) une antenne verticale type Cushcraft R 7000,
(2)une antenne long fil d’une quinzaine de mètres qui serait reliée
à une boîte d’accord automatique SG 230.
Quel serait le type d’antenne le plus efficace sachant que mon trafic
se fait essentiellement en télégraphie et en direction des pays
européens limitrophes, en particulier la Grande-Bretagne ? Quel serait
le type d’antenne le plus approprié si je souhaitais par la suite
tâter du DX ?
Quel serait le type d’antenne présentant le moins de
risques par rapport aux TVI ?
Réponse
Il se trouve que dans l’équipe d’allô docteur il y a des utilisateurs
de longue date des verticales et des longs fils (en particulier avec la boîte
automatique SG 230). Notre réponse sera donc fortement inspirée
de nos expériences personnelles. Très globalement :
a – un « bon long fil » présente l’avantage principal
d’une plus grande insensibilité aux bruits urbains et industriels,
en revanche il a un « angle de tir » moins bon et peut être
difficile à accorder sans provoquer des interférences ; c’est
pourquoi nous conseillons de n’utiliser d'antenne long fil que quand, simultanément
(1) il y a la place pour tendre une antenne vraiment longue (plusieurs longueurs
d’onde ; certains diront « jamais moins de 100m » mais c’est rarement
possible), (2) on peut installer un bon contrepoids HF, (3) on peut s'assurer
que de ne provoquer aucune interférence HF dans les télévisions
ou les téléphones ; ceci limite très fortement le recours
aux longs fils, et en particulier cela l'exclut pratiquement en ville et surtout
en immeuble (ajoutons que les fils en terrasse d'immeuble sont très
dangereux pour les personnes appelées à s'y déplacer).
b - les « bonnes verticales », sont moins consommatrices d'espace,
bien meilleures en termes d’angle de tir (ce qui est bon pour le DX) que les
longs fils (et a fortiori que les fils courts en termes de nombre de longueurs
d'onde), et plus faciles à "traiter" contre les interférences
de type TVI ; si ce sont des quarts d’onde au sol, elles nécessitent
un excellent plan de sol (ce qui peut représenter beaucoup de travail
d’enfouissement de radians), mais certains constructeurs proposent maintenant
des antennes verticales multibandes conçues de telle sorte que le sol
sous l’antenne intervient très peu dans le rayonnement ; leur polarisation
verticale dans toute les directions (alors qu’un long fil, comme toute antenne
horizontale, n’est polarisé verticalement que suivant son axe) fait
qu’elles sont particulièrement efficace quand le sol éloigné
de l’antenne est bon conducteur (en zone non éloignée de la
mer ou marécageuse par exemple ) ; plus elles sont dégagées,
plus efficaces elles sont, comme toutes les antennes d’ailleurs, mais c’est
souvent plus facile d’installer haut une verticale qu’un long fil.
c - en ce qui concerne la boîte automatique SG 230, il faut bien se
rendre compte que, (1) comme son constructeur le dit d’ailleurs dans
sa notice, elle n'accorde pas facilement des antennes filaires trop courtes
(il n’est pas certain, par exemple, que votre fil de 15 mètres soit
accordable par elle sur les bandes 80 et 160 ; tout dépendra du contrepoids),
(2) ensuite elle est sensible aux rayonnements HF de l'antenne qu'elle est
censée accorder (dans plusieurs cas, avec 100 Watts HF, la nôtre
s'est mise à se dérégler toute seule au rythme de la
manipulation ce qui est très désagréable pour les correspondants
(et peut-être aussi pour l’émetteur...). Elle est néanmoins
très pratique pour les déplacements.
Globalement, pour les raisons qui précèdent, nous vous conseillons
dans votre cas de choisir la verticale, qui nous paraît vraiment être
la solution simple pour les terrasses d’immeuble en pleine ville.
Question n° 290
Eric, de Triel-sur-Seine, 78, par mail : « J’ai écouté
le qso technique de F6KRK du dimanche 15 juin matin sur 144550kHz. Trois stations
participaient F8QT à Clamart, F6BPS aux Essarts, F6FQX à Voisins.
Sur ma Yagi 4 éléments verticaux à 4 m du sol, je recevais
F6BPS 55 et F6FQX 56. Mais F8QT ne m’arrivait que pendant 10 secondes toutes
les 2 ou 3 minutes. Pouvez-vous m’indiquer quel est le phénomène
de propagation en cause, et des livres ou de sites internet, en français
de préférence, sur ce thème ? »
Réponse
La disposition des stations, la directivité de votre antenne (dirigée
vers le Sud) et de celle de F8QT (dirigée vers l’Ouest), le fait qu’elle
soit polarisée comme les antennes de F6BPS et de F6FQX (et vraisemblablement
pas comme celle de F8QT) expliquent que vous receviez moins bien F8QT que
les deux autres.
En revanche, les évanouissements du signal de F8QT peuvent s’expliquer
par des phénomènes classiques de propagation des VHF dans la
troposphère (partie basse de l’atmosphère). Ces ondes, contrairement
à l’image qu’on s’en fait souvent, ne s’y propagent pas en ligne droite,
mais suivant des trajets subissant des réfractions liées à
la météorologie (variations de la température, de la
pression, de l’humidité), voire de des diffusions en présence
de météores (pluie, neige, grêle), ou même des réflexions
momentanées (passage d’un avion par exemple). Tout se passe alors
comme si les ondes étaient, entre deux points, transportées
suivant des « guides d’onde » fluctuants comme peut l’être
l’atmosphère dans sa partie basse. Or, ces trajets sont multiples,
et les signaux qui les empruntent se combinent à l’arrivée avec
des phases différentes (à cause des différences de parcours),
voire des rotations de phase. Il en résulte un fading qui est l’équivalent
de ce qu’on observe en ondes décamétriques avec la propagation
ionosphérique et ses trajets multiples.
Un excellent ouvrage sur le sujet est celui de Lucien Boithias, Ingénieur
en Chef des Télécommunications. Son titre est « Propagation
des ondes radioélectriques dans l’environnement terrestre »,
Dunod en est l’éditeur (© Bordas et CENT – ENST Paris 1984).
La meilleure synthèse « orientée radioamateur »
est à notre avis celle de l’ARRL Handbook (24 pages illustrées
qui se lisent comme un roman) ; elle est certes en anglais, mais un bon logiciel
de traduction automatique aidera à en comprendre l’essentiel [même
remarque en ce qui concerne l’ouvrage de E. Pocock, Ed. Beyond line of sight
: a History of VHF Propagation from the pages of QST (Newington, Connecticut,
ARRL, 1992)].
Enfin, plusieurs sites de radio-amateurs abordent le sujet. Une recherche
par des méta-moteurs comme Copernic ou Google en donnera plusieurs.
Auteurs : Les réponses de ce mois ont été
préparées par Jean-Pierre F6BPS, Robert F5NB et Jean-Pierre
F6FQX.