Questions publiées dans Radio-REF de février 2002
 
Question n° 166
Il semble que les jeunes OMs ne connaissent pas le dip-mètre. Il est vrai qu'à l'heure actuelle d'autres appareils (analyseur d'antenne, fréquencemètre numérique) sont plus faciles d'emploi. Le dip-mètre n'a-t-il plus sa place dans les shacks ?
Réponse
Le dip-mètre, ou "grid-dip (1), est un appareil de mesure peu connu des jeunes radioamateurs. Même s'il n'a jamais joui d'une renommée de sérieux auprès des professionnels, on peut s'étonner que les "OMs" délaissent cet appareil tant utilisé par le passé. Son coût réduit, sa simplicité d'emploi et la diversité des renseignements que l'on peut en tirer, font que cet appareil peut toujours rendre beaucoup de services. En effet, le dip-mètre permet de faire quantité de mesures : accord des circuits HF et FI, mesure de la fréquence de résonance des circuits LC, mesure des capacités et des inductances, mesure du coefficient de surtension des circuits oscillants et du coefficient d'induction mutuel des circuits couplés, réglage des antennes. Certes, pour les mesures sur les antennes, il existe aujourd'hui un appareil, l'analyseur d'antenne, qui dépasse largement les possibilités du dip-mètre en termes de facilité d'emploi et de précision, mais son prix est élevé.
Le fonctionnement du dip-mètre repose sur le principe du transfert d'énergie par couplage électromagnétique. Cet appareil est un oscillateur à fréquence réglable qu’on couple de façon lâche au circuit à mesurer par une bobine extérieure (cf. schéma Q166a).
Schéma Q166a : mesure de la valeur de la fréquence de résonance d'un circuit LC passif à l'aide d'un dip-mètre. Pour minimiser l'influence du circuit oscillant sous essais, on effectue un couplage "lâche". Il faut toutefois conserver des axes parallèles entre les deux bobines pour pouvoir effectuer une mesure correcte par un bon couplage.
Prenons par exemple le cas d'une mesure de la fréquence de résonance d'un circuit oscillant. On fait varier la fréquence d'accord de l'oscillateur du dip-mètre à l'aide de son condensateur variable ; au moment où circuit oscillant à mesurer et oscillateur du dip-mètre sont accordés sur la même fréquence, il y a absorption maximale de l'énergie émise par l'oscillateur. Cette absorption, qu'il suffit de détecter, est le fait du circuit oscillant sous essais. Elle se caractérise par une baisse de la tension HF aux bornes du bobinage de l'oscillateur du dip-mètre, ainsi que par une variation du courant de polarisation du transistor oscillateur, l'indicateur mettant en évidence cette absorption étant le plus souvent un galvanomètre. Il existe deux façons de détecter le phénomène d’absorption. Le schéma Q166b (2) est celui d’un dip-mètre à transistor FET utilisant la deuxième méthode de détection exposée.
Schéma Q166b : grid-dip utilisant un transistor
 à effet de champ
 
On remarque le peu de composants nécessaires pour construire cet appareil. Pratiquement, lors d’une mesure, dès que l'indicateur accuse une variation franche ou: "dip", la lecture sur le cadran de la fréquence d'accord de l’appareil donne la valeur de la fréquence de résonance du circuit oscillant sous essais. Comme on le voit sur cet exemple, le dip-mètre est un « fréquencemètre actif » car il fournit lui-même l'énergie nécessaire à la mesure : il présente donc l'avantage considérable, comparativement au fréquencemètre numérique, de permettre des mesures sur des circuits passifs.
Pour conclure (3), les nombreux services que le dip-mètre peut rendre, sa simplicité d'emploi, son coût faible nous convainquent que ce remarquable appareil a, comme le multimètre, toujours sa place dans la panoplie des appareils de mesure de base de la station.
 
Question n° 167
F5SAA, par mail : « Mon problème est que je suis devant une nappe de câbles électriques (12 tablettes de 50 cm de large) entre 2 bâtiments. Je sais que certains de ces câbles sont sous tension (pouvant aller de 24 à 380 Volts, continus ou alternatifs) et que d’autres sont hors tension, et je crains des branchements pirates. J’aimerais savoir lesquels sont sous tension avant de couper. Comment faire ? »
Réponse
Surtout ne touchez pas à ces câbles car, même aux niveaux de tension que vous indiquez, cela peut être très dangereux. Seuls des professionnels habilités à le faire peuvent intervenir, et dans le cadre de procédures strictes. Nous comprenons que ces câbles vous appartiennent puisque vous voulez les couper, mais le fait que vous ne sachiez pas l’utilisation qui en faite laisse supposer que vous en avez fait l’acquisition récemment. Adressez vous à la société ou à la personne qui vous a vendu l’installation car elle doit savoir ce qu’il en est.
 
Question n° 168
En décamétrique, la télégraphie, c’est du A1A et la BLU du J3E. En VHF la trafic FM c’est du F3E. J’en déduis que la première lettre définit le type de modulation (A = amplitude ; J = bande latérale unique ; F = fréquence), que le chiffre du milieu définit l’information transmise (1 = logique ; 3 = analogique) et que la dernière lettre définit à quoi est destiné le signal (A = télégraphie aurale ; E = téléphonie). Mon interprétation est-elle correcte ? En outre, lorsqu’un radio-club diffuse un cours de télégraphie sur l’air en envoyant, en modulation de fréquence, dans le microphone, le son d’un vibreur BF, est-ce du F1A ou du F3A ?
Réponse
Votre interprétation est correcte. A votre seconde question nous répondrions F1A car l’information transmise est bien logique et non analogique) puisqu’il s’agit de morse. Toutefois, un auditeur mélomane, qui s’intéresserait aussi à la qualité du son transmis par le vibreur (note musicale, vibrée, grave, piaulante, etc.) pourrait dire que c’est du F3A…
 
Question n° 169
Je connais la modulation d’amplitude (gammes PO et GO), la modulation de fréquence (bande FM). J’ai lu qu’il existait d’autres modulations (phase, angle, impulsion). De quoi s’agit-il ? Sur quelles bandes peut-on en entendre ?
Réponse
La tension instantanée U(t) (en Volts) en fonction du temps t (en secondes) d’un signal électrique sinusoïdal peut se caractériser par trois grandeurs : amplitude Umax (en volts), fréquence f (en Hertz) et phase  (en radians). Cela s’écrit U(t) = Umax . sin (2.w.t + f). Ce signal peut se propager et être reçu par un récepteur éloigné du générateur qui lui a donné naissance. Si on désire transporter une information grâce à ce signal, il faut le moduler en fonction de cette information. Le moduler, cela peut consister à modifier une de ses trois grandeurs au rythme de l’information que l’on désire transporter :
- si on modifie l’amplitude, on parle de modulation d’amplitude. C’est le cas des GO et des PO.
- si on modifie la fréquence, on parle de modulation de fréquence. C’est le cas de la bande FM.
- si on modifie la phase, on parle de modulation de phase. La représentation temporelle du nouveau signal ressemble alors à celle d’un signal modulé en fréquence. Les propriétés d’un signal modulé en phase sont très proches de celles d’un signal modulé en fréquence (largeur de bande un peu moins large et donc rapport signal/bruit un peu meilleur. L’ensemble « modulation de fréquence » et « modulation de phase » est appelé « modulation angulaire ». Beaucoup de signaux de la bande 144 MHz sont en fait modulés en phase.
 

- Pour la modulation par impulsions (cf. schéma Q169), le signal de porteuse est un train d’impulsions de forme rectangulaire. Comme précédemment, pour ajouter une information sur ce signal on peut modifier l’amplitude des signaux rectangulaires (modulation , modifier la durée des impulsions ou bien décaler dans le temps leurs positions par rapport au signal non modulée). Il existe aussi un autre type de modulation par impulsions qui consiste à créer des impulsions dans un code précis qui caractérisera le signal utile à émettre (cela ressemble à une émission en morse puisqu’on émet un signal tout ou rien où chaque lettre est codée). La modulation par impulsions est utilisée dans les radars (4).

Question n° 170

Mon PC, qui ne me sert qu’à des applications OM et internet, est dépassé car son processeur travaille à 700 MHz alors qu’on en trouve maintenant dans le commerce à près de 2000 MHz. Cela vaut-il la peine de le changer ?
Réponse
Le système d’exploitation Windows a été prévu dès son origine pour être multi-tâches, c’est-à-dire pour pouvoir faire tourner plusieurs programmes « simultanément ». Si vous gravez des CD pendant que vous écoutez de la musique et que vous êtes sur un jeu vidéo, votre ordinateur aura plus de mal à suivre qu’avec une version à 2GHz. De même, si vos besoins sont axés sur le traitement vidéo (je ne parle pas de SSTV), vous avez besoin d’une puissance de calcul redoutable. Les énormes puissances proposées sur les machines actuelles sont (à notre avis) plus utiles aux jeux vidéos ou aux traitements vidéos qu’aux traitements bureautiques. Si vous utilisez votre ordinateur pour faire du packet, une gestion de log (et, de plus, en mono-tâche) votre machine est plus que suffisante et même trop puissante). A vous de voir ce que vous faites de votre machine. Dans le cadre d’une utilisation standard, elle pourra encore servir plusieurs années avant d’être obsolète.
Question n° 171
Puis-je installer du coaxial pour récepteurs de télévision (75 Ohms) au lieu de coaxial d’émission (50 Ohms) en émission ?
Réponse
En supposant l'antenne adaptée pour 50 ohms, un coaxial 75 Ohms introduira un ROS de 1,5 tout à fait acceptable pour les bandes décamétriques et VHF. Le câble coaxial TV est un peu 'léger' en couverture de tresse mais un essai permettra de vérifier s'il s'agit d'un vrai inconvénient (si vous pouviez vous procurer du coaxial CATV de distribution de TV par câble, ce serait parfait).
Question n° 172
André, F8ST, de St-Gildas-de-Rhuys (56), nous écrit : « quel est le principe de fonctionnement d’un four à micro-ondes ? »
Réponse
Un four électrique « normal » et un four « micro-ondes » utilisent tous les deux des rayonnements électromagnétiques pour chauffer les aliments. La différence tient à la longueur d’onde très différente : dans le cas du four normal, il s’agit de rayons de type « lumière visible et infra-rouges » de longueur d’onde de quelques dizaines de micro-mètres ; dans le cas du four à micro-ondes, il s’agit de rayons de type « hyperfréquences de longueur d’onde du décimètre (donc 1000 fois plus longue). Dans le premier cas (four normal), ces ondes très courtes ne pénètre pas l’aliment et le chauffent donc en surface (ensuite, de proche en proche, l’intérieur est à son tour chauffé) ; dans le second cas (micro-ondes), les ondes, plus longues, pénètrent l’aliment et le chauffent dans sa masse. On est donc typiquement en face d’un phénomène bien connu : plus une onde est de longueur d’onde grande, plus elle pénètre un milieu. Les ondes (2,45 GHz) sont produites par des tubes spéciaux (magnétrons) auto-oscillateurs du fait de leur géométrie (cavités résonantes) et de la présence d’un aiment. Ils rayonnent quelques centaines de Watts. Ils fonctionnent à 4kVolts (attention danger !).
Question n° 173
Que signifie un indicatil avec /QRP à la fin ?
Réponse
Cela veut dire que la station émet avec 5 Watts maximum en CW, 10 Watts maximum en BLU.
Auteurs : les réponses de ce mois ont été préparées par Jean-Pierre F6BPS, André F8BPS, Daniel F6CNW, Bruno F4DDH et Jean-Pierre F6FQX.
 

(1)  Le terme grid-dip était le terme employé à l'époque des tubes (grid pour grille et dip pour baisse, soit baisse du courant de grille), encore usité aujourd'hui par les anciens en lieu et place de dip-mètre qui est le nom du même appareil mais à semi-conducteurs.
(2) Schéma extrait de: "L'émission et la d'amateur" de R. A. Raffin F3AV (8è édition page 757) aux éditons ETSF.
(3) Deux articles de Radio Ref, parus il y a une dizaine d'années, sont à lire absolument pour les "OM's" souhaitant aller plus loin: le premier de F3LG Charles Guilbert (R.R. juin 89): "Un nouveau grid-dip", qui est la description d'un dip-mètre prenant en compte toutes les précautions nécessaires pour la réalisation de ce type d'appareil; et le second de F5ZV Roland Guillaume (R.R. juin 90): "Utiliser un grid-dip", qui donne toutes les informations utiles quant à l'emploi du dip-mètre.
(4) Radars sur bandes L, S, X ou KU (de 2 à 18 GHz) suivant la portée (depuis de très courtes distances jusqu'à plus de 500 km.